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LES DOUZE MARCHES DU PANTHEON AVEC GERMAINE TILLION
29 mai 2015

UN DISCOURS, NI PLUS, NI MOINS, MAIS GERMAINE ET LES AUTRES...

 

          UN DISCOURS, NI PLUS, NI MOINS, MAIS GERMAINE ET LES AUTRES...

 Place du Panthéon, le 27 mai 2015.

 

         Assis à côté de moi – fils d’amis de Germaine Tillion dans les Aurès des années trente –  mon tout nouvel ami algérien ! « On habitait en face de la grotte où elle s’était logée ! » dit-il. Il transpire et moi aussi sous la tribune où nous attendons au milieu de sept cent autres personnes les quatre « panthéonisés » et le Président de la République. Oui, il y a un peu de l’Aurès devant le Panthéon paré des quatre portraits intenses signés Ernest Pignon Ernest, portraits qui semblent installés sous le fronton pour nous éventer et ainsi nous rendre tout supportable, éternellement... Il y a des ministres d’aujourd’hui, d’hier et de demain, des étrangers, des amis de province fidèles « démarcheurs », comme moi de Germaine qui a si bien semé en eux, en nous, l’or de ses pensées.

 

Nous partageons ce moment de notre Histoire, et les mots les plus beaux en nos têtes flambent avant de s’inscrire, plus tard, sur la page du jour...

 

A soixante dix ans, la Résistance a besoin d’un hommage, donc d’un encouragement. Cet encouragement passe par la voix de notre Président… Je redoute son timbre mal perché, les flous du consensus et davantage encore les contradictions terribles entre les actes historiques des quatre « héros » de ce 27 mai et les promesses non tenues de sa présidence censée porter les mêmes valeurs… Je crains l’indifférente machine du pouvoir tant affrontée, contournée au besoin par Germaine quand il s’agissait de défendre les causes les plus justes. Je crains que ce signe si beau, si bien choisi qu’il veut donner solidifie l’impasse politique que nous connaissons.  

 

Je m’ennuie rapidement et même les citations pâlissent aussitôt dites, empêtrées qu’elles sont dans une rhétorique vaine ! Il aurait fallu que le Président trouve lui-même des formules éclatantes et justes !… Il aurait fallu !… Mais à sa décharge, je me dis que dans la bouche de quatre « héros » et dans celles de leurs amis qu’ils représentent, c’était la terrible haleine de la guerre qui les exaltait ! On sait que les mots « PAIX » et « LIBERTE » tapissaient jours et nuits le fond de leurs gorges et menaient, mêlaient leurs paroles et leurs actes au risque de leur vie !

 

Tout ce qui doit être dit en ce jour est dit. Rien ne le transcende, hélas, si ce n’est ce passage sur l’indifférence comme « …mal contemporain ». Mais l’indifférence, c’est aussi le manque d’émotion, or l’émotion en ce 27 mai au Panthéon il n’y en a pas dans le micro du Président. Si certains spectateurs ont pu y céder en se plongeant dans leurs souvenirs, j’ai plutôt ressenti dans l’assistance un souffle qu’elle reprenait elle-même, lentement, profondément, car enfin la République, la République seule en son lieu le plus prestigieux soulignait de quatre coups de crayon ses valeurs : ceux qui entraînent la fraternité entraient au Panthéon ! « A nous, maintenant ! », me suis-je dit…

 

Ce qui compte plus que tout c’est le souffle que nous saurons donner à leurs pensées !

 

Les familles encore étonnées furent heureuses. Ceux qui ne désespèrent pas furent rassurés, ceux qui ne voulaient gâter en rien cette sorte de fête ont tu leurs critiques ; un chauffeur du protocole m’a dit : « …le Président s’améliore !… ». Et puis mon tout nouvel ami algérien était si fier, « pour Germaine », d’être là ! Quant à ma mère - qui n’aime guère les politiciens mais qui est toujours impressionnée par ce qui est solennel - elle a admis que le Président avait « …bien parlé » et je suis content qu’elle traduise ainsi ce moment vécu en solitaire dans sa maison… (Mais je me souviens qu’elle avait déjeuné une fois avec Germaine Tillion à Plouhinec, et ça, ça ne s’oublie pas !….).

 

Donc, ce fut un beau moment et je m’interdis d’en être déçu. Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay, désormais camarades d’Histoire Eternelle sont au Panthéon, c’est ce qui est important ! Un discours, ni plus, ni moins… Mais « ils «  sont au Panthéon et les applaudissements n’en finissent pas de saluer les quatre « héros » !

 

Bon, il y a eu cet effet  final » que je n’imaginais pas : au fameux « Entre ici Jean Moulin… » de Malraux, nous avons eu deux fois comme un pauvre écho poussif un : « Prenez place ! », répété sur ce ton de l’invitation polie qui ouvre la plus banale des réunions, le plus banal des repas !… Et c’est à ce moment-là, je crois bien, que le drapeau tricolore qui recouvrait le cercueil de Germaine s’est agité et que j’ai entendu la toujours malicieuse « grande dame » chuchoter à ses trois amis : «  Hé ! On fait une belote ? ».

 

 François Béchu.

 

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