Une proposition de Marie Rameau, membre du C.A. de l'association Germaine Tillion.

OBJETS EN DEPORTATION
1939-1945
Marie Rameau
Exposition de Photographies
Lorsque les déportés arrivaient dans les camps tout leur était ôté.
Leurs bagages, leurs vêtements.
Leurs cheveux et leurs poils étaient tondus.
Ils ne conservaient plus rien de leur vie d’avant.
Le processus de deshumanisation en passait par là.
Puis on leur donnait des vêtements, tous identiques, sur lesquels était cousu
un numéro qu’ils devaient connaitre par cœur en allemand.
Ce numéro était leur identité dans l’enceinte du camp.

Mais, la solidarité, la force de vie ne sont pas totalement destructibles.
Certains, grâce aux autres, grâce à la chance, grâce à ce désir viscéral de
vivre, que Germaine Tillion disait avoir un temps perdu, ont eu la force de
demeurer des hommes et des femmes là où l’on avait tenté de faire disparaitre
toute trace d’humanité.

A leur retour du camp les déportés se retrouvèrent à nouveau dans un monde
où le superflu prévalait alors qu’au camp ils avaient survécu en manquant de
l’essentiel.
Minuscules la plupart du temps, puisqu’interdits, véritables œuvres d’art
parfois, ces objets, destinés à rendre le quotidien plus digne, moins invivable,
sont devenus au fil du temps et de la volonté de les préserver aussi précieux
que fragiles. Certains sont conservés dans les archives du Musée de la
résistance et de la déportation de Besançon d’autres sont toujours entre les
mains de leurs propriétaires d’origine. Ils sont autant de traces de cette force
de vie qui prend parfois le dessus sur la barbarie.
Jeannette L’herminier n’avait jamais dessiné avant sa déportation, Les
portraits qu’elle faisait pour soutenir ses compagnes, leur disant parfois
de « poser à la parisienne », furent un soutien essentiel à la préservation de
cette dignité. Ces concrétions de souvenirs sont autant de trace de l’indicible.
Ces objets sont enfin et surtout des témoignages concrets de la capacité de
l’humain à lutter même face au pire de l’homme.